Les images d’élèves en pleurs parce qu’ils n’ont pas obtenu le baccalauréat sont déchirantes. Elles montrent à quel point notre système éducatif cultive chez les élèves la culpabilité de l’échec, en même temps qu’il survalorise le mérite de ceux qui réussissent. Or, les choses sont-elles aussi simples ?
Les sociologues de l’éducation s’accordent aujourd’hui pour définir le mérite scolaire comme la résultante de dispositions naturelles et sociales auxquelles s’ajoutent les efforts de l’individu. Tous les enfants n’ont pas le même capital intellectuel à la base. Le cas, certes extrême, de ceux qui sont médicalement reconnus ‘’déficients mentaux’’ est éclairant : ils ont évidemment plus de difficultés à réussir dans les études que ceux qui ne souffrent d’aucun handicap. Est-ce pour autant leur faute ? De même, il est statistiquement établi que les enfants issus des milieux défavorisés réussissent moins bien à l’école que ceux des classes sociales bourgeoises, non que ces derniers soient plus ‘‘intelligents’’, mais parce que leurs parents ont les moyens de les soutenir pour qu’ils gravissent l’échelle sociale. Dès lors, peut-on dire que les uns sont plus méritants que les autres ? Pour mesurer avec justesse le mérite scolaire, il faudrait pouvoir comparer les résultats d’élèves issus d’une même couche sociale et disposant à la base d’un même capital intellectuel. Une méthode d’évaluation difficile à mettre en place.
Mais d’autres facteurs sont à prendre en compte dans l’évaluation du mérite scolaire : la pratique pédagogique des enseignants, les conditions matérielles d’apprentissage, la motivation des élèves, les modalités d’évaluation et de notation etc. En effet, n’y a-t-il pas quelque injustice à imputer à l’élève qui échoue, et à lui seul, la responsabilité de son échec sans même s’interroger sur la manière dont ses enseignants lui ont appris ce qu’il devait savoir ? La recherche pédagogique a mis en évidence que d’un enseignant à l’autre, ou même d’un établissement à l’autre, la réussite des élèves varie. On sait, par exemple, qu’une part non négligeable de ce qu’on exige des élèves lors des devoirs et des examens n’a jamais été étudiée – ou bien étudiée – en classe. Voici ce qu’écrit Clermont Gauthier, un chercheur québecois, à sujet : « Il doit y avoir une relation entre ce qui a été enseigné et ce qui a été évalué. Des résultats ont montré en effet que, dans les meilleurs cas, jusqu’à 30% (et jusqu’à 47% dans les situations les pires) de ce qui fut évalué n’avait jamais été couvert en classe. »
Il serait donc temps qu’une réflexion de fond s’engage pour atténuer chez nos jeunes les effets psychologiques néfastes de l’échec scolaire. Car ils ne sont pas toujours seuls responsables du coup de massue qui leur tombe sur la tête à l’annonce des résultats. Le sociologue François Dubet écrit dans L’école des chances : qu’est-ce qu’une école juste ? que le mérite est peut-être « tout simplement une reconstruction biographique transformant en victoire personnelle une suite de hasards heureux ». Une invitation à la modestie pour tous ceux qui ont réussi à l’école.
Denis Dambré
mm en france on se casse pas la tête avec ces détails là c nous povre faso là on va perdre le temps avc ça!!!chacun sa chance plus tard on verra!!!
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