Awa
Baguira en situation d'étude
L'arbre ne doit certainement pas cacher la forêt. Ces étudiants
rencontrent des difficultés pour ce qui concerne les études.
Si Amidou Ouédraogo se déplace avec une moto pour
aller suivre ses cours à l'Université, ce n'est pas
le cas de Timothée Ouédraogo encore moins d'Awa Baguira.
En effet, Timothée, étudiant en 1re année de
droit, a perdu l'usage des deux jambes. Il se sert alors de deux
béquilles pour marcher. Il prend ses cours au SIAO. Il quitte
la maison de très tôt pour espérer avoir de
la place. "Pour un cours de 7h, il faut que je quitte la maison
avant 6h. Car chez nous, le problème de place se pose et
il faut se lever tôt. Je mets environ 45 à 50mn pour
y arriver. Avec la mauvaise circulation, j'ai du mal à circuler
avec mon vélo tri-cycles", raconte-t-il.
Ces conditions poussent Timothée et ses camarades étudiants à s'interroger sur leur sort quand la délocalisation de Ouaga II à Gonshin (15km de la capitale) sera effective. Ce site est situé à environ 15 km de Ouagadougou. "Faire 15 km pour l'aller et 15 km encore pour le retour, ça ne sera pas facile ", s'inquiètent certains d'entre eux. Plus compatissant que jamais, Timothée ajoute avec un air un peu triste : "beaucoup d'étudiants en situation d'handicape sont dans le même cas que moi. Mais le plus grave reste celui des non-voyants. Il faut trouver quelqu'un pour accompagner la personne". Une situation que vit Awa Baguir, étudiante en 3e année de sociologie à l'UO. Un niveau dont on aura du mal à croire au regard de sa petite taille. Elle a perdu la vue depuis la classe de 3e au lycée. Vite, elle a intégré l'union nationale des associations burkinabè pour la promotion des aveugles et mal-voyants (ABPAM) sise à Goughin au secteur 9. De là, elle a été initiée au langage de la Braille dans la poursuite de ses études. Depuis sa 1re année de sociologie, elle se fait guider pour aller suivre ses cours. Une situation qui constitue un fagot sur son épaule, économiquement parlant. "Le problème est délicat. Il nous faut un guide qui est payé à 5000f le mois. En plus, tu dois la nourrir, la loger ", fait-elle comprendre avec un air chagriné. Mais " leurs parents trouvent souvent que les 5000f sont petits. Ils oublient alors que c'est toi qui la prends en charge ", a-t-elle poursuivi avec un soupir, la main sous le menton.
Ces conditions poussent Timothée et ses camarades étudiants à s'interroger sur leur sort quand la délocalisation de Ouaga II à Gonshin (15km de la capitale) sera effective. Ce site est situé à environ 15 km de Ouagadougou. "Faire 15 km pour l'aller et 15 km encore pour le retour, ça ne sera pas facile ", s'inquiètent certains d'entre eux. Plus compatissant que jamais, Timothée ajoute avec un air un peu triste : "beaucoup d'étudiants en situation d'handicape sont dans le même cas que moi. Mais le plus grave reste celui des non-voyants. Il faut trouver quelqu'un pour accompagner la personne". Une situation que vit Awa Baguir, étudiante en 3e année de sociologie à l'UO. Un niveau dont on aura du mal à croire au regard de sa petite taille. Elle a perdu la vue depuis la classe de 3e au lycée. Vite, elle a intégré l'union nationale des associations burkinabè pour la promotion des aveugles et mal-voyants (ABPAM) sise à Goughin au secteur 9. De là, elle a été initiée au langage de la Braille dans la poursuite de ses études. Depuis sa 1re année de sociologie, elle se fait guider pour aller suivre ses cours. Une situation qui constitue un fagot sur son épaule, économiquement parlant. "Le problème est délicat. Il nous faut un guide qui est payé à 5000f le mois. En plus, tu dois la nourrir, la loger ", fait-elle comprendre avec un air chagriné. Mais " leurs parents trouvent souvent que les 5000f sont petits. Ils oublient alors que c'est toi qui la prends en charge ", a-t-elle poursuivi avec un soupir, la main sous le menton.
Conditions d'accès aux infrastructures et
cours inadaptées
A l'Université de Ouagadougou, certaines salles
sont difficiles d'accès pour certaines personnes en situation
d'handicape. Car il faut monter. Timothée Ouédraogo
dit être victime de cet état de fait. Ce qui a fait
qu'il se retrouve aujourd'hui en droit qui n'était pas son
option première. "Au début, j'étais orienté
en philosophie. On devait prendre nos cours au 2e étage du
bâtiment belge à l'UO. Il était alors difficile,
même impossible, pour moi d'y accéder. Il n'y a pas
de barre de fer pour monter. J'ai ainsi fait deux (2) mois sans
faire cours. C'est avec le soutien des amis que j'ai permuté
pour aller en droit qui me semble encore mieux. Je sais que je ne
suis pas le seul dans cette situation ", a-t-il laissé
entendre avec un visage désemparé. Si Timothée
a le loisir de permuter au bon compte de son handicape, ce n'est
pas le cas d'Awa Baguira. Chez elle, le problème semble encore
plus crucial. L'accès aux cours demeure une des difficultés
qu'elle rencontre. Nombreux sont les enseignants qui donnent les
cours sous forme de polycop. Elle se doit alors de les avoir en
braille. " Beaucoup de nos enseignants nous donnent les cours
à photocopier. Pour mon cas, je dois les amener dans un secrétariat
pour saisie. Après, je prends ça sur une clé
USB. Je pars maintenant à l'ABPAM pour retranscrire sous
forme braille ", a-t-elle exprimé à l'appui de
gesticulation. Pour ce service rendu par l'association en plus des
devoirs qu'un membre bien portant vient retranscrire en braille,
elle verse la somme de 30 000 FCFA par an, a-t-elle précisé.
La situation n'est pas sans impact négatif sur ses rendements,
à l'entendre parler. "L'ABPAM est très occupée.
Cela fait que souvent, je reçois le cours retranscrit en
braille à quelques jours du devoir. Et quand c'est comme
ça, on bosse mais de façon superficielle, sans rien
comprendre du cours ". Pire ils composent dans le bureau du
chef de la scolarité. Et selon ses propos, seule l'UFR/ SJP
(sciences juridiques et politiques) dispose d'une salle de composition
pour des étudiants comme elle. Un fait qui n'est pas sans
conséquence. "Tu composes dans le bureau d'une personne.
Le service continue de fonctionner. Les gens rentrent et ressortent.
Ça nous dérange !", martèle-t-elle. Raison
de plus de lancer des cris de cœur aux autorités universitaires.
Awa suggère que l'Université dispose d'équipements
adéquats à leur situation. "L'Université
ne dispose pas de documents adaptés à notre situation.
Il n'y a pas de livre en braille ni de cassette audio. Et pourtant,
nous avons besoin de la documentation pour pouvoir avancer dans
nos études" a plaide Awa Baguira. Pour Timothée
Ouédraogo, à défaut de leur trouver mieux,
qu'on les rapproche du site du SIAO : "comme les autorités
ne peuvent pas nous aider davantage, qu'elles nous trouvent un centre
encore plus proche du SIAO".
Par ailleurs, nous avons contacté le chargé de communication de l'Université de Ouagadougou, Karim Kaboré, pour plus de précisions sur les aspects d'infrastructure et académique. Aux dernières nouvelles, il a fait savoir que le Pr Prosper Zombré, enseignant à l'UFR/SVT (sciences de la vie et de la terre), en charge des questions relatives à ce sujet n'est pas disponible pour des raisons de santé.
Promesse a été faite de réagir ultérieurement si nécessaire.
Par ailleurs, nous avons contacté le chargé de communication de l'Université de Ouagadougou, Karim Kaboré, pour plus de précisions sur les aspects d'infrastructure et académique. Aux dernières nouvelles, il a fait savoir que le Pr Prosper Zombré, enseignant à l'UFR/SVT (sciences de la vie et de la terre), en charge des questions relatives à ce sujet n'est pas disponible pour des raisons de santé.
Promesse a été faite de réagir ultérieurement si nécessaire.
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