jeudi 13 juin 2013

Etats généraux de l’enseignement supérieur : Les TIC proposés en solution !


Les Etats Généraux de l’enseignement supérieur qui s’ouvrent demain, offrent une tribune de partage d’idées pour réfléchir sur l’avenir de nos universités. En tant qu’acteur du secteur des TIC, je souhaite apporter ici ma contribution.


Le système éducatif traditionnel à bout de souffle…
Depuis deux décennies, le système éducatif burkinabé à l’instar des pays de l’Afrique subsaharienne fait face à une crise systémique et une véritable « massification » de l’enseignement supérieur. Les principales difficultés rencontrées sont :
-  l’accès limité et la demande croissante : amphithéâtres surchargées ;
-  les inscriptions dans les établissements d’enseignement public augmentent plus rapidement que leurs budgets, ce qui implique une diminution de ressources par élève et la baisse de la qualité de l’enseignement et de l’apprentissage ;
-  une grave crise des effectifs du personnel enseignant, traduisant l’effet combiné du nombre limité d’étudiants sortant de l’enseignement supérieur, de la fuite des cerveaux, du faible effort de recrutement du personnel et des mesures insuffisantes d’incitation des enseignants à rester en poste ;
Le nombre d’étudiants burkinabé a doublé en six (6) ans, passant de 30 488 en 2005/2006 à 60 998 en 2010/2011. Ils seront plus de 120 000 étudiants à l’horizon 2016/2017.
L’université de Ouagadougou, à elle seule, a vu sa population estudiantine multipliée par quatre (4) en l’espace de dix (10) ans, entre 1998 et 2008, passant de 8 669 à 31 739 (Kobiané et al, 2010). Elle accueille plus de 40% des étudiants burkinabé, toute seule. Cette croissance du nombre d’étudiants et la pénurie d’enseignants qualifiés implique de nouveaux modes d’apprentissage et pas seulement de construire des nouveaux amphithéâtres.
Les TIC ouvrent la voie à une nouvelle donne éducative, fondée sur le développement de l’apprentissage numérique (e-learning/m-learning). L’e-learning ou enseignement en ligne est une approche pédagogique qui fait appel aux technologies de l’information et de la communication (TIC). Elle offre un suivi individualisé, couplé avec une flexibilité dans la gestion de l’apprentissage et une autonomie accrue dans l’acquisition des savoirs. Le temps de la craie et du tableau noir est révolu, place aux technologies numériques !
L’UNESCO reconnait l’apprentissage ouvert et à distance comme le vecteur essentiel d’un enseignement supérieur pour tous de qualité. Selon plusieurs études, l’e-learning coûte globalement moins cher que le présentiel. Il élimine les coûts liés à la rémunération des professeurs, la gestion des salles de cours, les déplacements des étudiants, leur hébergement, etc.
Les économies réalisées par rapport à la formation traditionnelle sont proportionnelles au nombre d’apprenants. Étudiants, enseignants, familles, sociétés et économies ont tout à gagner à bénéficier d’un enseignement utilisant les TIC. La valeur ajoutée des TIC dans l’enseignement est clairement prouvée.
En somme, à l’heure actuelle, il est vain de discuter entre la nécessité ou pas de l’introduction des TIC dans la vie des étudiants et de notre système éducatif.
Lors du Sommet mondial sur la société de l’information qui se déroulait à Tunis en novembre 2005, Kofi Annan, le précédent Secrétaire Général de l’ONU, indiquait : « Nous vivons une époque de mutations rapides où les technologies jouent un rôle de plus en plus central dans tous les domaines d’activité de nos vies. En effet, les TIC pour l’enseignement ont une influence importante sur l’évolution de l’ensemble des sociétés de la planète et affectent de façon significative toutes les dimensions économiques, sociales ou culturelles. Avec les TIC, tout change : notre façon d’enseigner, de vivre, d’apprendre, de travailler, voire de gagner sa vie. Ces métamorphoses sociétales, plusieurs l’ont dit, les individus de tous les peuples ne doivent aucunement les regarder passer, voire les subir indifféremment. Au contraire, les citoyens de tous les pays, et notamment ceux d’Afrique qui accusent déjà un important retard dans plusieurs domaines, doivent être les artisans de leur destinée, et, donc, participer activement à ce monde technologique. »
Si la technologie a accéléré la naissance de l’ère de l’information, il est donc du devoir de tous les peuples de participer activement à édifier cette société de l’information afin de n’empêcher personne d’avoir accès aux connaissances maintenant accessibles sur Internet et de profiter ainsi d’un avenir meilleur, de la globalisation des marchés et de la mondialisation.
L’adoption massive des TIC dans l’éducation permettra de développer le secteur des technologies ainsi que les infrastructures nécessaires, au bénéfice de toute la société burkinabé.
Sans une forte demande comme celle que va susciter la mise en place d’un vaste programme d’introduction des TIC dans notre enseignement supérieur, il est clair que le développement des infrastructures réseaux, de la connectivité Internet et de nouveaux acteurs sera limité.

Pour un enseignement supérieur moderne et visionnaire, pilier de notre développement durable
Les pays de l’Afrique francophone dépensent, en moyenne, 695 935 FCFA (1 060€), par an par étudiant dans le supérieur ; c’est 10 fois mois par rapport aux pays de l’OCDE. Malgré un accroissement de la part du PIB affectée à notre système éducatif, cela reste faible et des ressources nouvelles sont à trouver à travers des partenariats avec le secteur privé. Grâce à l’apprentissage à distance et mobile, on pourra offrir une éducation de qualité malgré la faiblesse de nos ressources car ce mode d’apprentissage permet une réduction des coûts de formation par rapport aux formations traditionnelles.
Des exemples récents dans les pays asiatiques (Vietnam, Corée du Sud, Malaisie, …) montrent que la mise en place de programmes d’e-learning peut favoriser le développement économique de deux façons : directement, en créant des emplois, liés à la mise à disposition par les gouvernements d’ordinateurs individuels, de réseaux, de logiciels et de services pour le déploiement de l’e-learning,. Et, indirectement en développant une main-d’œuvre formée et compétente.
Plus proche de chez nous, en juin 2012, la Côte d’Ivoire annonçait la mise en œuvre d’ambitieux projets IT pour rattraper son retard dans le domaine des TIC et l’enseignement supérieur en développant notamment l’e-learning. Le Ghana et le Sénégal ont fait, depuis plusieurs années, le choix d’introduire massivement les TIC dans leur système éducatif et les résultats sont largement encourageants.
L’introduction des TIC dans notre système éducatif permettra aussi de créer de nouveaux partenariats avec les universités du monde entier et offrir ainsi la possibilité à un étudiant burkinabé de suivre des cours du University of Cape Town, de l’Université Cheick Anta Diop, du MIT, du Cairo University, …depuis sa classe ou son salon devant son ordinateur ou sa tablette.
Ces collaborations universitaires seront aussi bénéfiques à nos enseignants qui pourront alors échanger facilement avec leurs confrères du monde entier et renforcer leur formation par la même occasion avec les meilleurs de chaque discipline.
C’est pourquoi si l’enseignement supérieur burkinabé se donne pour mission de mieux préparer ses étudiants aux défis du troisième millénaire, elle se doit également de favoriser une intégration en profondeur des TIC. Une intégration pédagogique des TIC, quotidienne et régulière en éducation permettra afin de mettre à profit leurs possibilités nouvelles, invitantes, prometteuses et diversifiées.
Nelson Mandela rappelle : « l’éducation est l’arme la plus puissante qu’on puisse utiliser pour changer le monde ». Et le Burkina Faso, à la veille de la tenue des « Etats Généraux de l’enseignement supérieur », a grand besoin de restaurer « cette arme puissante » de changement afin de préparer ses étudiants à la réalité présente et pour assurer leur avenir et celui de la nation.
Les TIC peuvent y contribuer largement car, au 21ème siècle, un enseignement supérieur de qualité rime avec un meilleur accès aux TIC !

Amadou SONDE, entrepreneur et ingénieur en technologies numériques de communication
Président de Doonya Technologies/Advencya

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