lundi 9 juillet 2012









Ce samedi 7 juillet 2012, des candidats au baccalauréat série F3 (électrotechnique) ont bloqué le passage aux usagers de l’avenue Charles de Gaulle à Ouagadougou. Les manifestants protestaient contre l’annulation des résultats du second tour de l’examen, alors que dans un premier temps, ils avaient été déclarés admis. Ils ont été dispersés par la Compagnie républicaine de Sécurité (CRS). Un vrai feuilleton à rebondissements.
Vendredi 6 juillet 2012. Aux environs de 20 heures, une foule de candidats au bac série F3 bloque l’entrée principale de l’Office du baccalauréat. Pendant que les uns scandent dans la nuit « on veut notre bac », les autres, pendus à leurs téléphones, invitent leurs camarades à venir leur prêter main forte. « A 12 heures ce vendredi, résume Mohamed Soura, l’un des candidats, ils (les membres de son jury, Ndlr) ont proclamé les résultats et affiché la liste des admis.



A 16 heures, un de mes amis m’appelle pour me dire que nos résultats ont été annulés parce que le logiciel utilisé pour le calcul des notes a fait des erreurs ». Un avis aux candidats est effectivement affiché à l’entrée du bâtiment. En voici le contenu : « Information très importante. Jurys 73, 74 et 75, 76, série F3. Suite à des erreurs constatées sur le logiciel, les délibérations du second tour de la série F3 sont annulées et seront reprises demain (samedi 7 juillet, Ndlr) à 11heures. Nous présentons nos excuses à tous les candidats et aux parents d’élèves. »

La foule (à peu près 80 personnes) regroupée devant l’office du baccalauréat somme les membres du jury de délibérer le vendredi soir même. « A 22h 30, ils sortiront nous donner leur réponse ! » ordonne un candidat, vite pris à partie par d’autres : « Non, ils sortiront pour nous donner nos attestions ! ». Des parents d’élèves viennent aux nouvelles. Ils sont introduits dans la salle où se trouvent les membres des jurys. Ils en ressortent une quinzaine de minutes plus tard. L’un des parents, une dame, prend la parole : « À notre avis, le jury est préoccupé, affirme t-elle. Ils n’ont pas pris la chose à la légère. Mais comme ils l’ont dit, c’est une question de logiciel… Néanmoins, ils sont en train de négocier pour trouver la meilleure formule…

Il faut vraiment que vous vous calmiez pour que ça ne dégénère pas », insiste t-elle. Visiblement insatisfait, un candidat interroge : « Maman, nous voulons savoir tout simplement si c’est nous qui devons assumer les erreurs du jury ? ». Une question à laquelle la dame tente de répondre vaguement. « Les membres des jurys sont embarrassés et ils tentent de trouver la meilleure solution pour que vous non plus ne soyez pénalisés » dit-elle.
A l’approche de 22h30, la tension monte d’un cran. Les deux agents de police sécurisant l’entrée sont pratiquement débordés. A 23 heures moins le quart, les membres des jurys sortent enfin. Ils réfusent de s’adresser à la presse, mais l’un d’entre eux lance à la foule : « On se suit pour aller afficher les mêmes listes. » Les manifestants laissent éclater leur joie. A travers cris et coups de klaxons, les candidats se dirigent dans la nuit vers le Lycée technique proche de l’Office du baccalauréat. Nous apprendrons par la suite que seules les listes de deux jurys -notamment les 75 et 76- seront affichées, et les « admis » invités à passer chercher leurs attestations le lendemain. Les membres des autres jurys, selon Adama Traoré, un candidat, en profiteront pour disparaître dans la nuit.

Dans la matinée du samedi, les « admis » des jurys 75 et 76 n’arriverons pas non plus à récupérer leurs attestations. « Quand nous sommes arrivés, les membres de jurys étaient assis dans une buvette non loin du lycée. Las d’attendre, nous les avons rejoints pour avoir des informations. Ils sont partis les uns après les autres sur leurs engins, sans nous donner de réponse », raconte Adama Traoré. Les candidats des quatre jurys descendent alors dans la rue pour perturber la circulation routière avant d’être chassés par les CRS.
Ce dimanche, 8 juillet, de nouvelles listes d’admis ont été réaffichées en remplacement des précédentes. Selon un de nos interlocuteurs, une cinquantaine de noms, préalablement déclarés admis, n’apparaissent plus. « Dans le jury 75 par exemple, le nombre passe de 67 à 39 », affirme t-il.

Fasozine

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire